La science-fiction est adoptée par la réalité
Vous ne lisez pas de science fiction ? Pourtant vous pourriez en tirer une inspiration pour le futur. Ce serait après avoir lu « Snow Crash » de Neil Stephenson que Reid Hoffman aurait eu l’idée de créer LinkedIn. Je ne sais pas si les créateurs de « Second Life » l’avaient lu, mais ils furent les premiers à appliquer le concept à une large communauté.
Les auteurs et les scénaristes sont souvent de vrais futurologues qui explorent les bénéfices et les dangers de l’innovation. Beaucoup de solutions technologiques inventées par les scénaristes de Star Trek sont devenus de vrais produits après avoir fait rêver des adolescents qui sont devenus des ingénieurs.
Avatar, métavers et "nam-shub"
En un seul livre, Neil Stephenson nous a apporté des concepts qui nous marquent depuis les années 2000. C’est à lui qu’on doit le terme « avatar » pour double numérique. Et c’est dans le « metaverse », version virtuelle du multivers, que se déroule l’essentiel du roman. Toutefois, il ne faut pas oublié que le thème principal repose sur une espèce de virus virtuel, le « snow crash », touchant l’esprit des humains à la lecture d’un « nam-shub », une incantation originaire de l’ancienne Mésopotamie, pendant leurs séjours dans le métavers. Le symptôme, le « snow crash », ressemble à la neige, les parasites, qui touchait les téléviseurs à tube quand la réception était mauvaise.
Neil Stephenson a été si visionnaire, que le « Snow Crash » a été relié à un effet visuel de flashes de couleur dans un dessin animé japonais diffusé par une chaîne privée en 1997, quelques années après la publication du roman.
Cyber comment?
Pour votre gouverne, le mot « cyber », ne vient pas de la science fiction mais de la science appliquée de Norbert Wiener. S’il s’applique maintenant à toutes les sauces, il désignait, en 1947, les machines autopilotées, ou auto-gouvernées, à rétro-action, phototropiques essentiellement, issues des travaux de Wiener, un des grands acteurs en téléphonie, chiffrement et systèmes de tir pendant la seconde guerre mondiale. En français, le mot grec «kubernētikēs» nous a donné gouverneur et gouvernail. Il ne vous aura pas échappé qu’il y eu pendant un temps un gouverneur cyborg en Californie.
Norbert Wiener a également travaillé avec Mc Culloch et Pitt sur les premiers neurones artificiels. Mais on ne le retient pas comme un des créateurs parce que suite à une dispute, semble-t-il entre les épouses, il s’en est retiré. C’est en 1984, une année célèbre pour la littérature dystopique, dans un roman de science-fiction de William Gibbs, « The Neuromancer », que le mot « Cyberspace » a été lié à l’Internet naissant.
Et c’est depuis que nous déclinons « cyber » pour tout ce qui touche l’Internet. Il a toutefois été précédé par un atelier d’artistes architectes danois, « l’Atelier Cyberspace », sans rapport avec les ordinateurs. Mais de l' »Atelier Cyberspace » à l' »Holodeck » de Star Trek, il n’y a qu’un pas.
Si comme moi, vous pensiez utiliser le terme « Holodesk », pour un système de réunion dans le métavers, le mot est déjà déposé par Microsoft. Et de toute façon, notre projet n’a pas été financé, 2 ans plus tard, l’épidémie de Covid mettait tout le monde au travail dans des services de réunion en ligne.
Si vous parlez de métavers, n’oubliez pas que le thème principal de Snow Crash repose sur ce virus visuel, le « nam-shub » qui a un effet de lavage de cerveau et que de tels effets ne sont pas que de la science fiction. La face sombre du métavers est parfois peuplée de mauvaises intentions.
Attendez-vous à voir le métavers évoluer, il touchera bientôt le domaine des transports. On y travaille.
Hugues Sansen
